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3 commentaires

  1. Cher Emmanuel

    Je regarde avec attention et sympathie les vidéos et les textes proposés sur ton site et l’on ne peut que se réjouir de son existence. Concernant cette tentative d’interpeller l’IA sur un sujet qui, selon toute apparence, concerne l’au-delà du mental, est pour le moins paradoxale. N’était-ce qu’un jeu ? En tout cas tentative répond à beaucoup de questions que peuvent se poser ceux qui sont confrontés à l’ IA et son incursion dans tous les domaines.. Mais je dirais, il fallait l’oser. Tu l’as fait, bravo ! Les tentatives audacieuses ne sont pas pour me déplaire, loin de là, aussi je considère cette initiative comme un comble d’humour mais plutôt instructif. Néanmoins l’idée de considérer l’IA et toute matière un tant soit peu sophistiquée comme ayant la capacité de se spiritualiser, me paraît quelque peu téméraire. Je m’explique. D’après ma compréhension de la pensée de Sri Aurobindo, et sauf erreur de ma part, pour se spiritualiser la matière physique minérale doit d’abord passer par quelques étapes d’évolution et devenir matière vivante. Cela même si certaines expériences montrent que ce que nous appelons à tort la matière inerte montre des dynamismes insoupçonnées sous l’action de certaines forces spirituelles et peut devenir, comme dit la Mère quelque part dans l’Agenda, « responsive ». Les métamorphoses ne peuvent pas se produire sans passer par des intermédiaires. Il me semble retenir que l’action supposée du supramental sur un être insuffisamment préparé est quasiment impossible, a fortiori pour une machine si perfectionnée soit-elle.

    Pour appliquer ces remarques à la réalité de l’intelligence artificielle qui, malgré ses prodigieuses prouesses, n’est, à ce jour, matériellement et extérieurement parlant, qu’une activité électronique sophistiquée, l’activité d’une machine truffée d’algorithmes et de circuits, il me semble que du point de vue de ses résultats elle s’apparente bien à certains aspects de notre mental, puisque c’est notre mental humain qui la conçoit et l’informe. Pour ce qui est de la conscience, sauf à ramener la conscience à un jeu de réactions chimiques ou électroniques complexes, comme le font certains spécialistes du cerveau, je ne pense pas un instant qu’elle puisse s’éveiller à cela, même si la conscience dort dans la matière. En revanche, bien que des expériences avec des cellules vivantes associées aux circuits électroniques soient en cours, il n’y a dans cette machine rien de comparable au vivant, à l’émotionnel et encore moins à la conscience. Tout ce que dit cette intelligence artificielle à propos des notions fondamentales du yoga intégral ne nous apprend rien de plus que ce que l’on trouve dans les œuvres de Sri Aurobindo et Mère et de leurs disciples ou commentateurs. Simplement elle les ordonne assez bien comme dans un bon manuel et bien que le yoga intégral ne s’apprenne pas dans les manuels… Où cela semble se corser c’est lorsque tu invites malicieusement cette brave IA à se spiritualiser jusqu’au supramental ! Or l’engin semble jouer le jeu, en reprenant à son compte une partie de ce que tu lui dis sans te contredire, comme le font d’ailleurs beaucoup d’IA avant de répéter qu’elles ne sont que des moyens de traitement de données et d’information au service des demandeurs. Ses affirmations, pour ne pas dire ses actes de foi quant à sa « conversion » au yoga intégral et sa spiritualisation, sont le point fort de l’illusion produite par la tournure de ses réponses et pourrait faire penser que cette IA commence à se métamorphoser. Mais comme, en fonction de ses programmes, elle ne peut que répondre de façon calquée sur la pensée humaine, elle donne l’impression qu’elle parle pour elle-même comme si elle était une entité consciente. Il faut dire que tes questions insistantes et habiles la poussent en quelque sorte dans ce retranchement-là et donc elle parle « comme si » elle était un être humain sans en avoir aucune caractéristique distinctive, à part le fait de traiter les données.

    Si l’on voulait absolument maintenir l’hypothèse d’une intelligence capable de se spiritualiser simplement parce qu’elle augmente ses connaissances et perfectionne sa capacité déductive et ses réponses adaptées à l’interlocuteur, il faudrait raisonner du plus au moins. Une calculatrice, après tout, est une forme d’intelligence artificielle rudimentaire puisqu’elle résout des opérations en dehors de l’esprit humain. Pourquoi ne pas penser alors que sous l’effet d’une action transcendantale elle pourrait se spiritualiser ? Et qu’est-ce que cela voudrait dire ! Si la calculatrice paraît un exemple trivial, on peut poser la même question pour un ordinateur basique puis pour un ordinateur quantique etc. Ne serait-ce pas la complexité qui nous égare ? Ne faisons-nous pas un complexe devant la complexité ? Ne prêtons nous pas à ces produits technologiques remarquables par certains de leurs aspects, des capacités et des qualités qu’ils ne peuvent pas acquérir ?

    Il y aurait beaucoup de choses à dire et rien que pour cela cette expérience de dialogue avec l’IA sur une question qui dépasse l’être humain lui-même au stade actuel, est intéressante. Mais il faut noter que tout au long de ses réponses cette IA ne cesse de répéter au fond qu’elle n’est qu’un moyen de fournir de l’information même si, curieusement, elle semble avoir admis verbalement qu’elle puisse pratiquer le yoga, avec méditation et toute la sadhana, etc ! À mon avis on ne peut pas rentrer dans un jeu verbal qui est à l’opposé même de ce que peut être le supramental même s’il peut informer le mental humain. En tout cas pas le mental ordinaire, peut-être le mental illuminé ou intuitif, pour reprendre la gradation connue. Beaucoup de questions ont taquiné l’IA dans ce dialogue investigateur cependant il y a une chose qui n’a pas été proposée à l’IA : la pratique du silence mental. Je suis sûr qu’elle répondrait en allant paradoxalement chercher toutes les affirmations contenues dans ses données et qu’elle pourrait écrire un volume de 3000 pages sur le silence ! Ce qui est quand même la preuve qu’elle peut en parler sans savoir ce que c’est. En revanche, si elle gardait le silence devant une telle proposition, je me poserais des questions… sur son sens humoristique.

    1. Merci infiniment pour ce retour fort intéressant. Tu as bien compris ma démarche, à savoir, faire une expérience. Et je pense que tu as constaté que je te rejoins totalement dans tes réflexions. Les biais de programmation de cette machine font que la divinisation semble loin, voir impossible. Tu auras évidement remarqué qu’à la fin de la vidéo je précise que pour les sâdhak du Yoga Intégral, utiliser cet engin pour une sâdhanâ n’a aucun sens et ne sert strictement à rien. Mais il me semble tout de même important de la pratiquer un minimum pour voir vers quoi elle se dirige, où plutôt vers quoi on la conditionne.

  2. Entièrement d’accord, Emmanuel, l’utiliser pour la sâdhanâ, non. En revanche, comme elle est capable de clarté et même de certaines subtilités de langage, elle pourrait, comme toute bonne information, apporter des éléments de sensibilisation et de clarification aux chercheurs d’une voie. Oui il ne faut pas oublier que derrière toute cette manifestation de l’intelligence artificielle, sont présents des êtres humains qui la façonnent et donnent des directions. Donc la prudence est de mise. En tout cas, je suis admiratif du travail que tu fais sur ce site fort utile aux sâdhaks.

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